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Le prix du progrès : quels risques pour l'humanité ?
29 septembre 2009

OGM

Les OGM (Organismes génétiquement modifiés).

Le sujet a fait couler beaucoup d’encre. Les rats envoyés en première ligne nous ont-ils appris quelque chose ?

Quelles peurs ?

Intoxication alimentaire ?

Effet inflammatoire ?

Effet cancérigène ?

Incorporation de gènes étrangers dans le génome humain.

Des trois inquiétudes la dernière, semble la plus effrayante. Imaginez un homme qui porterait dans ses cellules un gène de maïs ou de bactérie.

Elle aussi la plus improbable. Il n’existe aucun mécanisme biologique connu qui conduirait à un tel résultat. (Ce qui ne prouve pas qu’il est impossible ! )

Cependant, si c’est l’angoisse de modifier votre code génétique qui vous électrise, alors laisser tomber les OGM agricoles et suivez le guide, il y  bien mieux… en toute légalité et sans aucun bon vivant moustachu pour venir protester. Il s’agit des virus modifiés.


Mini-dossier : parmi les OGM, les virus modifiés devraient bien plus nous inquiéter que les maïs et autres plantes manipulées.

            Les expérimentations cliniques de thérapie génique n’exposent-elles pas la population à des risques, a priori, aussi importants que l’usage d’OGM dans l’agro-alimentaire ? La question mérite d’être posée et ce, d’autant plus que l’opinion publique européenne est étrangement contrastée concernant ces deux biotechnologies.

         Les organismes génétiquement modifiés (OGM) ont fait couler beaucoup d’encre et les spécialistes continuent à ferrailler à propos des risques encourus ou acceptables que les OGM feraient courir à la population. Il est, entre autres, question de migrations accidentelles de gènes étrangers entre espèces. Certains allant jusqu’à évoquer le risque d’altérations du génome humain. Quoi qu’il en soit, la mobilisation de l’opinion publique européenne est telle que bon nombre de multinationales, accusées de jouer les apprentis sorciers, ont choisi de faire marche arrière. Parallèlement, au travers de manifestations comme le téléthon pour ne citer que l’exemple de la France, les promoteurs des thérapies géniques n’hésitent pas à faire appel à la générosité nationale pour aider au financement de leurs recherches. Une brève comparaison des risques potentiels suffit à rendre ce contraste saisissant. Jugez plutôt… 

         Dès ses balbutiements, la thérapie génique a été présentée comme une voie thérapeutique pleine de promesses. L’idée «toute simple» d’introduire des «gènes-médicaments» dans des cellules malades ouvrait des perspectives inespérées. Le champ d’application théorique s’étend en effet du traitement des cancers à celui de maladies infectieuses (SIDA) en passant par celui de maladies plus rares et  strictement génétiques (myopathie).

         

         Mais en réalité ces trois applications (cancers, maladies infectieuses, maladies génétiques) requièrent des stratégies fondamentalement différentes. Ainsi, l’expression « gène-médicament » n’est exacte que dans le cas précis des maladies génétiques ; le gène injecté étant celui qui fait défaut aux malades. Pour le traitement des cancers, le « gène-médicament » est en fait directement ou indirectement un «gène tueur» d’origine non humaine (voir encadré I). Dans le cas des maladies infectieuses, le ou les gènes injectés appartiennent au pathogène.

Encadré I : Contre les cancers, la thérapie génique fait appel à deux stratégies principales. Première solution : injecter aux cellules malades un «gène tueur» qui induit la mort de la cellule. Seconde solution : le gène introduit code pour une enzyme capable de transformer une drogue inoffensive en poison cellulaire. Il suffit au patient d’absorber cette substance pour faire mourir les cellules ayant reçu le gène. 

«Gènes-médicaments» ou  «virus thérapeutes» ? 

         

Les euphémismes ne s’arrêtent pas là. En effet, le problème principal des chercheurs n’est pas le choix des gènes à utiliser mais bien l’injection effective (et si possible ciblée) de ces gènes à l’intérieur des cellules malades. La solution majoritairement utilisée est l’emploi de minuscules et simplissimes agents infectieux naturellement capables d’incorporer leur génome à celui des cellules qu’ils infectent : les virus (voir encadré II).

Encadré II.   Les virus sont des agents infectieux s’attaquant aux cellules. Totalement dépendants de leur hôte pour leur prolifération, ils ne sont constitués que d’une courte séquence d’acide nucléique protégé dans une capsule protéinique et parfois d’une membrane plasmique. Cette apparente simplicité est trompeuse. Le code génétique d’un virus est en fait un outil moléculaire performant capable : (1) de  s’intégrer de lui-même au génome de la cellule infectée, (2) d’en détourner le métabolisme au profit de sa propre réplication, (3) de faire produire à cette même cellule les constituants de son enveloppe. Les copies du génome viral et les enveloppes ainsi produites se reconstituent alors par auto-assemblage et quittent la cellule en entraînant ou non sa mort. Chaque étape peut être entrecoupée de périodes de latence.

         

Ainsi, au-delà de l’idée « publigénique » de gènes-médicaments, la thérapie «par les gènes» est d’abord et avant tout basée sur la mise au point et la production de virus modifiés. Les «virus thérapeutes» qui en résultent, sont bien entendu privés des portions de génome qui les rendent normalement contagieux. Ils n’en sont pas moins produits dans le but d’insérer dans le génome humain des séquences supplémentaires.

Ces dernières années, des dizaines de milliers de virus modifiés ont été mis au point et testés in vitro et in vivo (souris, rat, lapin, singe…). Plusieurs centaines d’entre eux ont été ou sont actuellement en phase d’expérimentation sur l’être humain. Ces expérimentations encadrées par l’agence mondiale du médicament correspondent aux essais cliniques de phase I définis comme les tous premiers essais sur l’homme. Réalisés sur 20 à 100 volontaires en bonne santé, ils ont pour but de contrôler que le médicament est sans danger, d’étudier ses effets à forte dose et ce qu’il devient après absorption.

En 1999, 363 différents virus modifiés auraient été expérimentés sur un total de plus de 3000 individus à travers le monde. Dans plus des 2/3 des cas, l’objectif était l’introduction de gènes non humains.

Ainsi, l’hypothétique danger d’altérations du génome humain, mis en avant par les militants anti-OGM devient donc, dans le cas des thérapies géniques, un objectif avoué qui recueille non seulement l’approbation de la population mais également son soutien financier.

Cette situation est d’autant plus paradoxale que les spécialistes eux-mêmes soulignent certaines faiblesses de la méthode :

-  variabilité du site où s’insèrent les gènes avec un risque d’induire de graves perturbations dans la cellule (cancer par exemple).

- spécificité imparfaite des virus utilisés qui pourraient dès lors contaminer d’autres populations de cellules que celles ciblées, notamment les cellules sexuelles.

- problèmes causés par les périodes de latence, un virus pouvant rester dormant pendant des années, voire des dizaines d’années.

En 1999, un jeune américain est mort en 3 jours des suites de l’injection de l’un de ces «virus thérapeutes».

Des risques de contagion

D’autres événements pourraient également survenir. Les virus modifiés ne sont pas de «simples médicaments». Ce sont des objets biologiques capables d’interagir de façon active avec le vivant et d’évoluer par eux-mêmes. Contrairement aux OGM, il n’est plus besoin de mécanismes hypothétiques pour développer des scénarios catastrophes. 

Les mutations, tout d’abord, sont des phénomènes avérés et spontanés auxquels n’échappent pas les virus. A chaque injection, les volontaires reçoivent des milliards de virus. Une fraction d’entre eux est porteuse de mutations les rendant différents de la souche de départ.

Il faut ensuite évoquer les phénomènes de recombinaisons et d’associations décrits chez les virus. Il a en effet été montré qu’un virus incomplet, défectif, peut se reconstituer et/ou terminer son cycle en profitant de la présence d’autres virus.

Enfin, après enquête en France, il apparaît que les volontaires pour les essais cliniques de phase I (de charitables bénévoles !), passent en général une seule journée à l’hôpital après inoculation des virus avant de rentrer tranquillement chez eux. Ces mêmes volontaires peuvent recevoir plusieurs injections dont certaines massives. Toutes les conditions ne sont-elles pas réunies pour qu’un de ces virus modifiés redevienne sauvage et échappe à tout contrôle et ce quels que soient ses effets sur la santé humaine ?

Au moins autant que les OGM, l’usage de virus en thérapie génique pose donc la question de ce que la science peut ou doit apporter à la société et sous quels risques. Le débat semble ouvert dans le cas des OGM, ne mérite-t-il pas de l’être également pour les thérapies géniques ?

Sources :

- Friedmann T. Scientific American, 6/97

- Stolberg S G. New York Times,  28 Nov 99

- Zallen D T. Trends in Genetics, June 2000, 16/6,

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